13 minutes: c’est le délai qui a permis à Adolf Hitler d’échapper le 8 novembre 1939 à un attentat qui aurait changé l’histoire du XXe siècle. Une bombe d’une énorme puissance devait exploser dans une brasserie munichoise où le dictateur avait convoqué ses fidèles. Comme la météo était défavorable, Hitler décida de rentrer à Berlin en train plutôt qu’en avion, et quitta la réunion treize minutes avant l’heure prévue. L’engin explosif, relié à une minuterie, détruisit une partie de la salle, tuant huit personnes et blessant une quantité d’autres membres de l’assistance.
Art & Culture : Cinéma
Sexualité (débridée?) à la Berlinale
Eisenstein était gay. L’homosexualité du cinéaste soviétique était depuis longtemps un secret de polichinelle en Occident. Mais en Russie, compte tenu de la pruderie du régime (qu’il soit communiste ou poutinien), le sujet était toujours tabou. Après tout, il a fallu plusieurs dizaines d’années pour que les musicographes de ce pays fassent timidement allusion aux véritables inclinations de Tchaikovsky.
Clap 6e…
Le retour des has-been ou le cinéma des papys : la formule me vient à l’esprit quand je repense aux films de Werner Herzog et de Wim Wenders présentés ces jours-ci à la Berlinale. Queen of the Desert est un monument de super-kitsch où on n’arrive pas à prendre une seconde au sérieux les tribulations de l’aventurière anglaise Gertrude Bell (Nicole Kidman), célébrée comme une « Lawrence d’Arabie au féminin ». A ce flop du septuagénaire Herzog succède maintenant le nouvel opus de Wenders (né en 1945) Every Thing Will Be Fine, qui marque son retour à la fiction après une dizaine d’années consacrées à des documentaires.
Ostalgie berlinoise
Ostalgie: cette contraction de l’allemand Ost (l’Est) et Nostalgie a été inventée pour désigner le sentiment ambivalent de quelques intellectuels occidentaux à l’égard des régimes communistes de l’Europe de l’est. Comme si tout n’était pas à rejeter dans certaines valeurs dont se réclamaient les tenants du « socialisme réel ». Rappelez-vous le film Goodbye Lenine qui évoquait avec une ironie teintée d’affection la vie quotidienne dans l’Allemagne d’Erich Honecker…
Berlinale 2015, impressions au jour le jour
Le film d’ouverture de cette 65e Berlinale, Nadie quiere la noche (littéralement : Personne ne veut la nuit) d’Isabel Coixet, est décidément un drôle de choix…
Berlinale, focus sur l’Iran
Interdiction professionnelle: c’est depuis plusieurs années le statut de Jafar Panahi, un des meilleurs cinéastes iraniens. En 2011, il avait été invité à faire partie du jury de la Berlinale. Le régime des ayatollahs lui avait alors interdit de quitter son pays et l’avait déclaré coupable de « propagande hostile au système ».
Un samedi sans coup de coeur à la Berlinale
Le Festival a fait sa “B.A.” tiers-mondiste en présentant en compétition Ixcanul, premier long métrage de Jayro Bustamante, réalisateur guatémaltèque de 37 ans. Un ami berlinois plutôt cynique m’assure que chaque année la Berlinale s’impose de montrer une œuvre d’un pays lointain où la cinématographie est encore balbutiante. Il arrive même qu’un de ces films remporte une récompense importante: ce fut le cas pour La teta asustada (Ours d’or en 2009) de la Péruvienne Claudia Llosa, qui fait d’ailleurs partie du jury de cette édition 2015.
Berlinale, clap 4e
Accident industriel : si la formule devait s’appliquer à un film, le candidat de l’année serait à coup sûr Knight of Cups. Après l’affligeant To the Wonder (2012), le nouvel opus de Terrence Malick, présenté en compétition, confirme la dégringolade artistique du cinéaste texan.
Berlinale: billet d’ouverture
Dix festivals réunis en un seul : c’est ainsi qu’un ami et collègue anglais définissait cette 66e Berlinale qui vient de commencer. Pour moi qui rends compte de la manifestation depuis trois décennies, j’avoue que je reste quelque peu éberlué par son développement apparemment inarrêtable. C’est ainsi – pour ne citer qu’un exemple assurément pittoresque – que depuis quelques année le grand patron du festival Dieter Kosslick a imaginé une nouvelle section intitulée « cinéma culinaire ». Des films célébrant l’art de la table sont projetés quotidiennement, et chaque soir un grand chef réinvente dans un bâtiment voisin les recettes qu’on a pu admirer sur grand écran (il suffit de s’inscrire pour participer à cette fiesta gustative). Au total, pour cette 66e édition, plus de 200 films inédits vont être projetés jusqu’au 21 février. Un bonne vingtaine de longs métrages sont présentés dans la compétition, qui se termine par l’attribution des traditionnels Ours d’or et d’argent. Habile diplomate, Kosslick a réussi à séduire Meryl Streep pour qu’elle préside le jury 2016. Mais en fait, comme je l’ai souvent vérifié, c’est dans les sections parallèles (non compétitives) que l’on a le plus de chances de faire de véritables découvertes. Cette fois encore, je ne manquerai donc pas de fréquenter assidûment le Panorama et le Forum du jeune cinéma pour y détecter les talents de demain ou les tendances les plus novatrices.
Bernard-Henri Lévy à la Berlinale
Bernard-Henri Lévy a encore sévi. Le philosophe qui avait naguère incité Sarkozy à bombarder la Libye du colonel Khadafi (avec les catastrophiques résultats que l’on sait) se prend aussi régulièrement pour un cinéaste. Je me souviens encore du gigantesque éclat de rire qui avait accueill à Cannes en 1996 son long métrage Le Jour et la nuit, un des bides les plus monumentaux du dernier quart de siècle. Plus récemment il avait signé Bosna, un récit inspiré par les conflits inter-ethniques dans l’ex-Yougoslavie, sur lesquels il est apparemment persuadé de détenir la vérité ultime. La Berlinale propose aujourd’hui en compétition Death in Sarajevo, mais cette fois Lévy n’apparaît que comme scénariste. La réalisation est de Danis Tanovic, un cinéaste bosniaque de 46 ans (formé en Belgique à l’INSAS) qui avait tourné en 2000 le très remarquable No Man’s Land. Voici en tout cas un créateur qui connaît la réalité du terrain et qui n’aborde pas la tragédie de Sarajevo avec les partis pris idéologiques ou politiques d’un écrivain qui ambitionne de s’affirmer comme le Malraux de notre temps.