Berlinale 2020 : l’Ours d’or pour un cinéaste bâillonné

© Piero Chiussi/Berlinale 2020

Le jury de la 70e Berlinale a attribué l’Ours d’or à un film présenté le tout dernier jour (une erreur de programmation, à mon avis) dont l’auteur pourrait se retrouver demain matin dans les geôles de son pays. Cinéaste iranien, Mohammad Rasoulof, 48 ans, a été condamné l’an dernier à un an de prison pour « propagande contre le régime » (la peine est suspensive) et à une interdiction de quitter le territoire. De surcroît, il n’est plus autorisé à tourner des films, de sorte que la réalisation de There Is No Evil a été clandestine, l’équipe et les interprètes travaillant sur les instructions du metteur en scène. C’est la fille de Rasoulof – elle joue dans cette œuvre – qui a reçu samedi la récompense sur la scène du Berlinale Palast.

Emmanuelle Bercot : « les objectophiles ont un sentiment amoureux très sincère »

Emmanuelle Bercot dans Jumbo de Zoé Wittock
[caption id="attachment_23867" align="alignnone" width=""]© DREmmanuelle Bercot dans Jumbo de Zoé Wittock[/caption]

Jeanne (Noémie Merlant), une jeune femme timide, travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attractions. Fascinée, elle s’amuse à reproduire chez elle des objets articulés en version miniature. Elle entretient même des dialogues amoureux avec “Move it”, ce drôle de bidule qu’elle baptise Jumbo. La jeune réalisatrice belge Zoé Wittock filme une histoire d’amour hors du commun. Que Margarette, la mère de Jeanne (Emmanuelle Bercot), considère comme pur délire. Rencontre avec l’actrice (et réalisatrice) française.

Cannes, anyway !

© DR

Cannes ou pas Cannes ? Alors que de nombreuses manifestations culturelles ont été annulées, pandémie de coronavirus oblige, les organisateurs du rendez-vous cannois ont, dès mi-mars, soutenu mordicus que le Festival de Cannes 2020 devait exister, “coûte que coûte”. Après de longs mois d’attente sur la forme que pourrait la 73e édition, Thierry Frémaux, son Délégué général et Pierre Lescure, son président, ont dévoilé la sélection officielle.

Mehdi M. Barsaoui : “Un fils”

© Marcel Hartmann

Fin 2011. Dans le Sud tunisien, un couple (Najla Ben Abdallah et Sami Bouajila) est pris dans une embuscade terroriste. Grièvement blessé, leur enfant doit subir une greffe de foie en urgence. Une course contre la montre hospitalière s’enclenche tout en embrassant un drame familial. Comment une famille moderne vit dans une société tunisienne en pleine mutation? Le jeune réalisateur tunisien Mehdi M. Barsaoui filme avec finesse les tourments d’un couple moderne comme symbole des déchirements de la Tunisie post-révolution. Un premier film émouvant, percutant, de portée universelle, récompensé notamment au FIFF (Prix du public). Rencontre à Namur.

“Berlin Alexanderplatz”, année 2020

Welket Bungué et Annabelle Mandeng, dans Berlin Alexanderplaz, de Burhan Qurbani
[caption id="attachment_24479" align="alignnone" width=""]© DRWelket Bungué et Annabelle Mandeng, dans Berlin Alexanderplaz, de Burhan Qurbani [/caption]

Francis (Welket Bungué), originaire de Guinée Bissau, a survécu à un naufrage en tentant d’atteindre l’Europe. Il se retrouve à vivre à Berlin sans papiers, sans droits et travaillant illégalement. Jusqu’à ce qu’il rencontre Reinhold (fabuleux Albrecht Schuch), un psychopathe accro au sexe, trafiquant de drogue dans le parc Hasenhëide.

Les apparences et l’amour

"Les Apparences" du réalisateur Marc Fitoussi
[caption id="attachment_24653" align="alignnone" width=""]© DR[/caption]

Eve, bibliothécaire (Karin Viard) et Henri, chef d’orchestre réputé (Benjamin Bioley), vivent ensemble depuis quinze ans et ont un fils. Pour le couple bourgeois français expatrié à Vienne, la vie coule sans histoires. Jusqu’au jour où Eve se rend soudain compte que son mari voit une autre femme. Dans le désespoir, elle décide de se venger. A sa manière…Dans le même temps, Eve se console avec un jeune homme rencontré au hasard d’une nuit de détresse. Les apparences sont trompeuses. Il convient quand même de les sauver… Marc Fitoussi (“Selfie”, “Maman a tort”, “Pauline Détective”…) signe une comédie noire, entre satire sociale et thriller, librement adaptée d’un roman suédois. Une réussite. Tourné presque entièrement à Bruxelles, “Les Apparences” réunit aussi des comédiens belges dont Laurence Bibot, en grande bourgeoise un brin médisante.

“L’enfant rêvé” : au nom du père

Jalil Lespert dans "L'enfant rêvé", de Raphaël Jacoulot
[caption id="attachment_24729" align="alignnone" width=""]© Michael CrottoJalil Lespert dans [/caption]

François, patron d’une scierie (Jalil Lespert) a toujours rêvé de transmettre l’entreprise familiale à un fils. Sa femme Noémie (Mélanie Doutey) ne parvient pas à avoir d’enfant. En voie de lancer une demande d’adoption, François tombe amoureux d’une cliente (Louise Bourgoin). Tout bascule lorsqu’elle tombe enceinte. Abasourdi, François trouve refuge dans la forêt magique, inquiétante, magnifiquement filmée.